Ce poème écrit par un ami de forum pour notre concours d'écriture 2005, avait recu le "Tire-bouchon d'or" et avait été publié ici en décembre de la même année. Il vient de nous quitter. Hommage à lui. Salut l'Empereur (cmx69).
Tire-Bouchon, mon enfant
Dans cette Egypte ancienne, parmi les crocodiles,
Il fallait abreuver, en puisant l'eau du Nil
Les terrains alentour, et que ce fut facile.
Lorsqu'un soir fatigué, poursuivant ce dessein
Je finis, satisfait, par tracer le dessin
D'un outil merveilleux : c'était la vis sans fin.
Eh quoi, de l'eau du Nil ? Et pourquoi pas Saint Yorre ?
De l'eau tout simplement ? Inodore, incolore ?
De la flotte pour tout dire, celle de l'Imperator
À qui j'ai mis le feu, et oui, je m'en accuse,
En dardant les rayons, au siège de Syracuse,
De l'astre flamboyant, au moyen de lentilles.
Des lentilles ? Ça d'accord, et un petit-salé.
Surtout celles d'Auvergne, au caviar comparées.
Mais alors pas d'eau, avec ce plat : du vin !
Et du bon : en bouteille, du treize degrés au moins.
Oui mais, la vis sans fin, c'était conçu pour l'eau !
Quand il n'y a plus d'amphore, que faire face au goulot ?
Se mettant au boulot, la pauvre humanité
Et chaque homme en son sein, chercha sans s'arrêter
Pour qu'enfin l'un d'entre eux à la fin s'exclamât
(Comm' je le fis moi-même en criant Euréka)
« Ce qu'on fait avec l'eau, on pourrait essayer
Sur ce con de bouchon, de l'expérimenter. »
Et voici nos soiffards, devenus ingénieurs
Tentant à qui mieux mieux, tantôt pour le meilleur
Et tantôt pour le pire, de se dire inventeur.
Jusqu'à c 'que l'un d'entre eux, évitant tout murmure,
Finit par s'écrier « Bon sang, mais c'est bien sûr !
Avec un fil tordu, c'est bon, je vous l'assure ! »
Et les voici soudain, proclamés forgerons
Qui manient le marteau, le soufflet, le charbon,
Et qui, Alléluia, te créent mon tire-bouchon.
Toi, mon enfant lointain, je peux le dire enfin
À la face du monde, c'est mon plus grand chagrin :
Je n'ai rien vu de toi, ni ton fameux destin.
Archimède.